Mercoledì, 27 Aprile 2011 18:20

Tu es le Christ! (Éric T. de Clermont-Tonnerre, o.p. )

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La question de l'identité est particulièrement importante dans chaque existence: être reconnu pour ce que l'on est, pour celui qu'on est, être reconnu dans son identité profonde et pas seulement au travers de sa nationalité, de sa carte d'identité ou de son passeport, pas seulement au travers de ses origines ou de ses antécédents.

 Tu es le Christ!

Éric T. de Clermont-Tonnerre, o.p. 

«Qui suis-je, au dire des foules?»; «Mais pour vous, qui suis-je?» La question de l'identité est particulièrement importante dans chaque existence: être reconnu pour ce que l'on est, pour celui qu'on est, être reconnu dans son identité profonde et pas seulement au travers de sa nationalité, de sa carte d'identité ou de son passeport, pas seulement au travers de ses origines ou de ses antécédents.

Il est intéressant de constater qu'à la question de Jésus, les réponses qui circulent parmi les foules indiquent toutes quelqu'un d'autre: Jean le Baptiste; Élie; un des anciens prophètes qui est ressuscité. Il ne s'agit pas d'identité à proprement parler mais d'identification : la foule identifie Jésus à Jean-Baptiste, à Élie, à un prophète (dans l'évangile de Matthieu parallèle à celui-ci, le prophète est nommé, Jérémie). Jésus est un autre, un autre revivifié, ressuscité.

On identifie quelqu'un souvent en référence à ce que l'on connaît, à ce qui paraît comparable, voire semblable. L'identification se fait facilement en référence au passé et à une fonction: un prophète d'autrefois.

La réponse de Pierre, elle, ouvre sur une tout autre perspective: sur l'aujourd'hui de Dieu et sur l'avenir. Car il n'y a pas de modèle de Christ, de Messie. Le Messie vient, il est « à venir ». Et c'est heureux. L'identité de Jésus est à vivre. Ainsi en est-il de l'identité de chacun d'entre nous. Elle est à vivre, elle est à réaliser, elle est le fruit d'une vie.

Le pape Benoît XVI avait fait de cette année 2009-2010 une année dite sacerdotale. Peut-être a-t-il été dommage que l'on ait beaucoup focalisé sur la figure si attachante et étonnante du Curé d'Ars. Si les saints peuvent nous inspirer, il convient que nous n'en fassions pas trop vite des modèles contraignants, stimulants ou décourageants. Méfions-nous toujours des modèles spécifiques sur lesquels nous risquons de crisper les identités. Il s'agit pour chacun de devenir soi-même en s'appuyant non pas tant sur des modèles ou sur des témoins, mais sur l'appel du Seigneur qui nous ouvre le chemin de notre vocation.

Or cet appel du Seigneur, il retentit dans l'évangile quelques versets plus loin: « Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix chaque jour et qu'il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera» (Lc 9, 23-24).

Pierre a raison, nous le savons. Jésus était, est, le Christ, l'Oint, le Messie de Dieu. Mais Jésus leur défend d'en parler. Il les invite à se taire, car l'important n'est pas la fonction, mais la manière dont celui qui remplit la fonction se donne, donne sa vie dans l'accomplissement de son existence, de son rôle, de ses responsabilités.

L'identité personnelle est marquée par la manière dont on se donne et dont on donne sa vie. Messie de Dieu, oui, mais pas de n'importe quelle manière: « Le Fils de l'homme doit souffrir beaucoup, être rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, être tué et, le troisième jour, ressusciter » (Lc 9, 22). C'est dans ce passage par le rejet, la souffrance et la mort - passage que les chrétiens appelleront pâque - que se révélera l'identité de Jésus. Avant cette pâque, il vaut mieux se taire. Jésus lui-même restera discret et ne livrera à ses disciples que quelques bribes qui leur permettront, le moment venu et saisis par l'Esprit, de comprendre. Ce n'est - par exemple - qu'à quelques privilégiés qu'il accordera d'être les témoins de la Transfiguration (Lc 9, 28-36). Rappelons à ce sujet que, avec Moïse et Élie sur la montagne, Jésus y parlait de son départ, autrement dit de son exode ou de sa pâque, « qu'il allait accomplir à Jérusalem » (Lc 9, 3 1).

L'identité profonde de chacun se révèle dans la manière qu'il a de donner sa vie pour ceux qu'il aime. C'est vrai pour Jésus, c'est vrai pour nous, père ou mère de famille, médecin, prêtre, religieuse ou directrice d'école. Toutes ces identités sont peut-être réelles, mais l'identité profonde se manifeste dans la manière dont on se donne ou on ne se donne pas personnellement dans l'exercice de ses fonctions, dans la mesure où l'on paye de sa vie un tant soit peu, à la manière où l'on risque un tant soi peu sa vie pour les autres.

Ainsi lorsque Pierre prend la parole pour dire « (Tu es) le Christ de Dieu », c'est enfin la vérité qui est dite. Dans l'évangile de Luc, le titre de Christ est utilisé au moment de la naissance de Jésus par les anges (Lc 2, II), puis lorsque Jésus est présenté au Temple et que le vieillard Syméon le reçut dans ses bras (Lc 2, 28). Il est aussi dans la bouche des démons qui s'opposent à lui par crainte de son pouvoir, dans celle des soldats au pied de la croix: « Qu'il se sauve lui-même, s'il est le Christ de Dieu» (Lc 23, 35), dans celle du malfaiteur suspendu sur une croix à ses côtés (Lc 23, 39). Mais c'est la première et la seule fois que ce titre de Christ est mis dans la bouche d'un disciple.

Or, Christ de Dieu n'est pas un titre qui s'impose, une fonction qui s'exerce comme un pouvoir, une vérité qui écrase. Le Christ de Dieu se reconnaît en cet enfant dans les bras de sa mère ou dans les bras de Syméon : c'est la présence de Dieu dans le dénuement de la naissance, comme dans le dénuement de la souffrance, du rejet et de la mort; c'est la présence du Règne de Dieu au milieu des royaumes de ce monde et des roitelets qui y exercent le pouvoir; c'est la puissance de l'amour dans sa réelle impuissance face à l'aveuglement des hommes, à leurs haines et à leur suffisance.

Les disciples se tairont comme Jésus le leur a demandé. Car il y a un temps pour se taire et un temps pour parler. Ils se tairont parce qu'ils ne comprennent pas, comme nous d'ailleurs. Les disciples se tairont jusqu'à ce que tout soit accompli. Mais la promesse de Jésus se réalisera: « Il en est de présents ici même qui ne goûteront pas la mort, avant d'avoir vu le Royaume de Dieu» (Lc 9, 27). Car le Royaume de Dieu est précisément là, parmi nous et en nous, caché ; quiconque ouvre les yeux et reconnaît, dans la faiblesse, dans la puissance de l'amour, de la vérité et de la lumière à l'œuvre, voit le Royaume de Dieu en germe, et c'est pour lui une grande espérance, telle celle de l'autre malfaiteur, le bon larron, sur la croix (Lc 23,42).

Au matin de Pentecôte, c'est le même Pierre, celui qui aura porté sa croix chaque jour, qui aura traversé la faiblesse et les pleurs de ses trois reniements, c'est lui qui prendra la parole et qui conclura son discours en reprenant ce titre unique qui identifie à jamais Jésus de Nazareth: «Que toute la maison d'Israël le sache donc avec certitude : Dieu l'a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous avez crucifié» (Ac 2, 36).

(La vie spirituelle,  n° 791, novembre 2010,  p.519)

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Fausto Ferrari

Religioso Marista
Area Formazione ed Area Ecumene; Rubriche Dialoghi, Conoscere l'Ebraismo, Schegge, Input

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