Mercoledì, 15 Febbraio 2012 19:48

Les derniers feux de Juda (Philippe Abadie)

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La mort du roi Josias à Megiddo en 609 marque la fin du temps des réformes et scelle à jamais le destin de Juda. Désormais le royaume est pris en étau entre Babylone, qui vient de faire tomber Ninive l'assyrienne (611), et les prétentions du pharaon égyptien Neko II sur la région. Faute de grands souverains, Jérusalem amorce un lent déclin qui le conduira à sa chute.

609 - 587 avant Jésus-Christ

Tout commence par l'intervention de Neko II: refusant le choix des anciens de Juda, le pharaon dépose Joachaz, fils de Josias, roi depuis trois mois (2 R 23,31-35), pour le remplacer par un autre fils de Josias: Joiaqim. Le récit biblique se montre peu tendre envers ce dernier, et le prophète Jérémie, son contemporain, trace de lui un portrait au vitriol (Jr 22, 13-19). N'est-ce pas lui qu'on voit lacérer, puis brûler le rouleau de ses oracles (Jr 36) ? Car, faute d'avoir entendu les conseils de prudence du prophète et mesuré l'équilibre des forces, Joiaqim ne perçoit guère l'inexorable ascension de Babylone. Cédant plutôt aux sirènes égyptiennes, il attire sur Jérusalem, dès 600, les foudres de son jeune souverain, Nabuchodonosor. Ce sont d'abord des hordes de mercenaires lancées contre Juda (2 R 24,2-4), puis l' armée impériale intervient directement en assiégeant la ville durant l'hiver 598 (2 R 24, 10-11). Joiaqim meurt dans l'intervalle (2 R 24,6), laissant à son fils Joiakîn une situation désespérée dans la capitale assiégée. Aussi, pour éviter le pire, le jeune roi «se rendit au [devant du] roi de Babylone» avec toute sa cour en signe de soumission (2 R24, 12); s'ensuit une première vague de déportation durant le printemps 597. Le récit montre qu'elle n'affecta pas toute la population judéenne, mais essentiellement ses élites: le roi, la cour, les soldats, les intellectuels et les artisans maîtrisant le métal (2 R 24,14-16). Ainsi, toute tentative de révolte se trouve éradiquée, puisque ne restent plus que les « petites gens » du pays. À la place du roi déporté, le souverain babylonien place un dernier fils de Josias, Sédécias, sorte de roi fantoche et affaibli.

Le second siège de Jérusalem

De fait, Sédécias n'est pas l'homme de la situation, et il mène durant dix années une politique chaotique, tantôt soumis à son suzerain, et tantôt tenté par l'aventure de la révolte. Si le livre des Rois reste laconique, les oracles de Jérémie dressent une vision forte de ce temps d'orage. Ainsi voit-on monter de plus en plus à Jérusalem une fièvre nationaliste Or 22, 24-30) avec ses prophètes de faux bonheur comme Hananya (Jr 28, 1-17). En réponse, Jérémie proclame que l'avenir se prépare en exil (Jr 24) et il écrit une longue lettre aux déportés de 597 (Jr 29). Malheureusement, dès 594, Sédécias entre dans une coalition ami-babylonienne et c'est peut-être en cette occasion, pour renforcer la cohésion sociale, que le roi prend diverses mesures, bien éphémères (Jr 34, 8-11). Or, cette même année, le voici convoqué à Babylone (Jr 51,59). Il ne lui reste plus qu'à rentrer dans le rang.
Après quelques années d'accalmie, les vieux démons du passé ressurgissent: Sédécias  prend définitivement le chemin de la révolte en 589 (2 R 24,20), espérant le secours d'une Égypte qui n'interviendra guère (voir Jr 37, 5-10). À l'inverse, la riposte de Babylone est foudroyante, et au terme d'un long siège de dix-huit mois, la ville est prise le 29 juillet 587 (2 R 25, 1-3). La découverte sur l'Ophel de la maison «Ahiel» (du nom de son propriétaire conservé dans de nombreux ostraca, inscriptions sur tessons de poterie) et de la «chambre brûlée» (voir photos ci-contre) qui porte encore les marques de sa destruction par le feu témoignent de la violence des combats. Rappelons aussi cet autre témoignage archéologique, la découverte dans une maison voisine d'une cachette contenant une cinquantaine de« bulles » portant pour la plupart des noms hébraïques, dont ceux d'un fonctionnaire bien connu «Gemaryahu, fils de Shaphân» (Jr 36, 10-25) et d'un prêtre «Azarya, fils de Hilqiyya» attesté aussi en 1 Chroniques 5, 39. Vestiges précaires et émouvants d'une histoire tragique.

Sédécias enchaîné, Jérusalem abandonnée

Quel est le sort de son roi? Fuyant la ville en plein siège, Sédécias est rattrapé près de Jéricho. Conduit enchaîné à Ribla (dans la vallée de l'Oronte, en Syrie du Nord), dans le camp de Nabuchodonosor, il reçoit le sort des princes révoltés: ses fils sont égorgés devant lui, avant que lui-même n'aie les yeux crevés et ne soit conduit lié d'une double chaîne à Babylone (2 R 25, 4-7). Les bas-reliefs assyriens montrent souvent le roi crevant lui-même de sa lance les yeux des vaincus, et l'histoire de Samson aveuglé par les Philistins (Jg 16, 21) atteste d'un sort tristement commun aux vaincus de l'histoire.

Commence alors une dure répression, quand l'armée pille, tue, viole, incendie le Temple et emporte avec elle toutes les richesses du pays (2 R 25,8-21). Pour beaucoup s'ouvre la route d'un long exil (587-538), loin de Jérusalem, au bord des fleuves de Babylone (Ps 137 [136]). Mais la situation de la population pauvre restée sur place semble plus précaire encore: « Quoi! elle est assise à l'écart, la Ville populeuse! Elle est devenue comme une veuve, la grande parmi les nations. Princesse parmi les provinces, elle est réduite à la corvée. » (Lm 1, 1.) Dans un style certes convenu, le livre des Lamentations décrit les gémissements de la ville aux portes désertées (Lm 1,4) et aux palais ruinés (Lm 2, 5), où rôdent les chacals jusque dans les parvis souillés du Temple (Lm 5,18). Et c'est une population affamée (Lm 4,9-10) qui vit dans l'insécurité constante (Lm 5, 9-13), car aux exactions des vainqueurs s'ajoutent encore les incursions édomites qui saignent un pays déjà fort éprouvé (Ab 10-15; voir aussi Ez 25). Et même si dans le Temple fumant subsiste encore un semblant de culte (Jr 41, 5), de grandes crises se préparent pour l'avenir, quand les anciens propriétaires voudront reprendre des terres distribuées à d'autres (Jr 39,10; Ez 33, 23-29).
Seul signe d'espérance: la finale du livre des Rois rapporte la rentrée en grâce du vieux roi Joiakîn quand, après trente-sept année de déportation, le roi Évil-Mérodak lui rend la liberté en 561 (2 R 25, 27-30). Dès lors, s'ouvre une porte vers l'avenir, sans que rien ne soit dit de précis pour Israël.

Philippe Abadie

(Biblia  n. 58, p. 29-30)

 

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Fausto Ferrari

Religioso Marista
Area Formazione ed Area Ecumene; Rubriche Dialoghi, Conoscere l'Ebraismo, Schegge, Input

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