Domenica, 08 Marzo 2015 17:27

Jésus et les vendeurs du Temple (Jn 2, 13-25) (Fray Marcos)

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Appliquer à notre vie le message de l'évangile d'aujourd'hui aurait des conséquences spectaculaires sur notre relation à Dieu. Si nous cessions de croire en « un Dieu qui est au ciel », nous n'irions pas le chercher à l'église (l'édifice) où nous nous sentons tellement à l'aise...

Il est presque sûr que soit arrivé réellement ce qu'on nous raconte, car le récit respecte parfaitement les critères d'historicité: D'une part, les quatre évangiles le rapportent. Par ailleurs, il est difficile d'admettre qu'il ait été inventé, comme si les faits rapportés ne s'étaient jamais produits et ne figuraient pas dans les sources. Et les premiers chrétiens (tous juifs) l'auraient interprété comme ternissant la personne de Jésus.

On nous a dit que ce que fit Jésus dans le Temple, fut de le purifier d'une activité commerciale illégale et abusive. Ce qui est sans fondement, vu que ce que faisaient là les vendeurs était indispensable à l'activité du temple. On y vendait boeufs, brebis et colombes qui constituaient la base des sacrifices. Les prêtres contrôlaient les animaux vendus, ce qui en garantissait la légalité. Les changeurs aussi étaint incontournables, car le temple ne pouvait recevoir que de l'argent pur, c'est à dire accrédité par lui. Lors de la Pâque arrivaient à Jérusalem des Israelites du monde entier qui n'avaient d'autre solution que d'échanger leur argent romain ou grec contre l'argent du temple.

Par un acte prophétique, Jésus a voulu manifester que cette façon de rendre un culte à Dieu n'était pas la bonne. A cette époque de fêtes, il pouvaient se trouver 8000 personnes sur le parvis du temple. Il est impensable qu'un homme seul avec quelques cordes à la main ait pu chasser tant de monde du temple. Le temple possédait sa propre garde qui avait la charge du maintien de l'ordre. De plus, en un coin du temple s'élevait la tour Antonia avec une garnison romaine. Les soulèvements contre Rome avaient toujours lieu durant les fêtes qui étaient des moments d'alerte maximum. Tout désordre aurait été réprimé en quelques minutes.

Les clés d'interprétation de l'évènement se trouvent dans les textes cités. Pour citer la Bible, on en rappelait une phrase à partir de laquelle se faisait allusion à tout le contexte. Les synoptiques citent en l'occurence Isaîe (56,7) « ma maison sera une maison de prière pour tous les peuples » et Jérémie (7, 11) « mais vous en avez fait une caverne de voleurs ». Isaïe fait référence aux étrangers et aux eunuques, exclus du temple, et il dit « je les amènerai à ma montagne sainte et les rejouirai dans ma maison de prière. Leurs sacrifices et leurs holocaustes seront les bienvenus sur mon autel, car ma maison sera appelée maison de prière pour tous les peuples ». Il dit donc que dans les temps messianiques, les eunuques et les étrangers pourront rendre un culte à Dieu. Pour le moment ils ne pouvaient dépasser le parvis des gentils.

Quant au texte de Jérémie que cite l'évangile, il dit ceci: « Vous ne pouvez pas voler, tuer, commettre l'adultère, faire de faux serments, encenser Baal, courir derrière d'autres dieux pour ensuite venir vous présenter devant moi, dans ce temple consacré à mon nom, en disant: « Nous voilà en sécurité » et continuer à commettre les mêmes crimes. Est-ce que par hasard vous prenez ce temple pour une caverne de bandits? » Les bandits ne sont pas ceux qui vendent colombes et brebis, mais ceux qui font des offrandes sans la moindre attitude de conversion. Ce sont des bandits non pas parce qu'ils vont prier, mais parce qu'ils recherchent la sécurité. Ce que critique Jésus c'est qu'avec les sacrifices on tente d'acheter Dieu. Comme les bandits qui se cachent dans les grottes, en sécurité jusqu'à l'heure de recommencer à voler et à tuer.

 Jean cite un texte de Zacharie (15, 40).En ce jour-là on lira sur les sabots des chevaux « consacré à Yavé », et les marmites de la maison du Yavé seront devant mon autel, telles des coupes d'aspersion; toute marmite de Jérusalem et de Juda sera consacrée à Yavé et ceux qui viennent faire une offrande mangeront dans ces marmites et y prépareront à manger et en ce jour-là, il n'y aura plus de commerçants dans la maison de Yavé. Cette inscription « consacré à Yavé » les sandales des prêtres la porteront ainsi que les marmites où on prépare la viande consacrée. Ce qui signifie qu'aux temps messianiques, il n'y aura plus de différence entre chose sacrée et chose profane. Dieu recouvrira tout et tout sera sacré. La sainteté sera présente dans la vie ordinaire.

« Détruisez ce temple et en trois jours je le rebâtirai ». Nous trouvons ici la raison pour laquelle nous lisons le texte de Jean et pas celui de Mathieu. L'allusion à la résurrection donne sens au texte au milieu du Carême. On lui demande un signe et il répond en faisant allusion à sa mort. Sa mort fait de lui le sanctuaire unique et définitif. L'une des raisons pour lesquelles on le tuera sera qu'il est devenu un danger pour le temple.Il est intéressant de s'apercevoir que, pour Jean, la fin des temps est liée à la mort de Jésus.

Appliquer à notre vie le message de l'évangile d'aujourd'hui aurait des conséquences spectaculaires sur notre relation à Dieu. Si nous cessions de croire en « un Dieu qui est au ciel », nous n'irions pas le chercher à l'église (l'édifice) où nous nous sentons tellement à l'aise. Si nous croyions en un Dieu présent dans toutes et chacune de ses créatures, nous les traiterions toutes avec la même attention et le même amour que s'il s'agissait de lui. Nous continuons à nous réfugier dans le sacré parce que nous pensons toujours qu'il y a des réalités qui ne le sont pas. On constate une fois encore que l'évangile n'est toujours pas vécu.

par Fray Marcos

(Traduction Maurice Audibert)

 

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Fausto Ferrari

Religioso Marista
Area Formazione ed Area Ecumene; Rubriche Dialoghi, Conoscere l'Ebraismo, Schegge, Input

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