Lunedì, 24 Giugno 2013 17:39

Ce que nous sommes ne meurt pas (Enrique Martin Lozano)

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L’intention de l’auteur –le message qu’il cherche à transmettre- paraît évident si nous prenons en compte le développement de l’évangile dans son ensemble...

Ce que nous sommes ne meurt pas
(à propos de Lazare)
Jean 11,1-45

Il s’agit du septième et dernier « signe » de Jésus dans le quatrième évangile. Dans la forme sous laquelle elle nous est parvenue, la narration apparaît profondément élaborée en même temps que chargée de symbolisme et de message théologique.

John MEIER, en accord avec les exégètes les plus rigoureux, affirme que nous nous trouvons devant un récit qui aurait subi de nombreuses modifications de la tradition, au long des décades passées, avant de parvenir à l’évangéliste. Il est probable que Jean ait réélaboré en l’amplifiant beaucoup, un texte très bref à l’origine, qui aurait évoqué la guérison de quelqu’un se trouvant aux portes de la mort.

Mise à part l’analyse du texte lui-même, dans lequel on perçoit l’intervention de nombreuses mains, plus nombreuses encore sont les données qui confirmeraient la profonde reélaboration catéchétique ou théologique rédigée par le dernier auteur de l’évangile.

L’intention de l’auteur –le message qu’il cherche à transmettre- paraît évident si nous prenons en compte le développement de l’évangile dans son ensemble : « Jésus est la résurrection et la vie du peuple, représenté par le personnage de Lazare (ou Eleazar, de « El » Azar : Dieu aide »).

Tout le récit est axé sur cette phrase, absolument centrale : « Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, même s’il est mort, vivra ; et celui qui est vivant et croit en moi, ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »

Il semble que la communauté johannique se reconnaissait dans cette confession de foi. Raison pour laquelle elle est spécialement soulignée, face à ce qui était la croyance juive que l’auteur avait mise sur les lèvres de Marthe : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection du dernier jour ».

La longue histoire du texte à laquelle je faisais allusion auparavant, jointe à la dernière et profonde réélaboration due à l’évangéliste, nous livre différents détails :

  • la présentation de la mort comme un « rêve » ;
  • l’allusion aux « quatre jours », en référence à l’idée des rabbins, pour qui « l’âme » continuait à veiller près du corps pendant trois jours, après lesquels il n’y avait plus aucun espoir que le mort revînt à la vie ;
  • l’insistance sur le chagrin de Jésus qui, outre révéler sa profonde sensibilité, n’aurait aucun sens dans la cas où il allait rendre à Lazare la vie physique ;
  • la description du sépulcre comme une « grotte », fermée par une pierre ; la présentation du défunt, avec « les pieds et les mains liés de bandelettes, et le visage enveloppé d’un suaire » ;
  • l’ordre donné par Jésus –« détachez-le et laissez-le aller  », donnant le sens de la libération qu’il apporte, face à une législation et des institutions qui liaient et paralysaient le peuple ;
  • le message qui parcourt le texte, dès le début, et selon lequel tout ce est arrivé « servira la gloire de Dieu, pour que le Fils de Dieu soit glorifié » ;
  • la constatation que beaucoup de juifs crurent à partir de ce moment….

Au-delà de cet ensemble de thèmes, le cœur du récit qui est parvenu jusqu’à nous est, comme je le disais, l’affirmation de Jésus comme résurrection et vie. Autrement dit : la résurrection c’est dès maintenant.

Cette conviction semble avoir été celle de quelque groupe chrétien, comme l’exprime ce texte d’un évangile apocryphe : « Il se trompe celui qui dit : « on meurt d’abord et après on ressuscite ». Si on ne ressuscite pas pendant qu’on est encore vivant, on ne ressuscite plus après la mort » (Evangile de Philippe, 90).

Il se trouve que cette affirmation est admirablement cohérente avec ce que nous pouvons ressentir à partir d’un niveau de conscience transpersonnel. A des niveaux antérieurs, l’ego comprenait la résurrection comme la perpétuation « éternelle » de sa propre forme.

Lorsque nous découvrons que ce moi n’est pas réellement notre identité, tout change. Au point qu’on pourrait dire, avec une certaine ironie mais en toute vérité, que la résurrection consiste non pas à perpétuer notre moi, mais précisément à nous en libérer.

C’est uniquement au moi que la mort fait peur, ainsi qu’à celui qui s’est identifié à lui. Cette identification une fois dépassée, et dans la mesure où nous faisons l’expérience de notre identité la plus profonde, nous voyons la mort –à l’image de Jésus- comme un « passage » ou un « éveil ». La forme disparaît, mais ce que nous sommes réellement ne meurt pas.

De même que chaque matin quand nous sortons du sommeil, meurt le sujet « onirique » et apparaît la nouvelle identité du moi éveillé, ainsi en est-il avec la mort : le « moi » mental meurt et ce que nous sommes en réalité « s’éveille ». Ce qui se passe c’est que nous sommes tellement habitués à vivre avec le moi que nous sommes ordinairement « endormis ». Il est dans le vrai le proverbe soufi bien connu : « Pour le moment nous sommes endormis ; quand nous mourons, nous nous éveillons ».

Le moi psychologique n’est que « l’ombre » de notre vrai moi. Est-ce que tu souffres quand on marche sur ton ombre ? C’est la même chose avec le moi : nous vivons tellement identifiés à lui, que nous nous affligeons pour ce qui lui arrive : si on « marche dessus », s’il se dégrade et, surtout, s’il meurt…

Nous ne sommes pas ce « moi » qui disparaîtra, mais la Vie qui jamais ne meurt. Jésus avait tout à fait raison en se définissant lui-même en disant ; «  Je suis la résurrection et la vie ». Au niveau profond, non-duel , voilà ce que nous sommes tous.

Enrique Martin Lozano 

paru dans « fe adulta.com »

(traduction Maurice Audibert)

 

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Fausto Ferrari

Religioso Marista
Area Formazione ed Area Ecumene; Rubriche Dialoghi, Conoscere l'Ebraismo, Schegge, Input

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